Raccordement dans les constructions neuves

3 PRÉFACE « Chasser le diable des détails pour favoriser la migration vers la fibre » Le chantier de la fibre progresse rapidement. Près de 12 millions de locaux étaient raccordables au FttH au début de l’été 2018, un tiers de plus qu’au début de l’été 2017. Si elle ne peut que s’en réjouir, l’Arcep appelle aussi de ses vœux l’accélération des déploiements. La fibre est en effet essentielle pour répondre à l’appétence croissante des utilisateurs, en demande de débits toujours plus importants. Pour mener à bien cette accélération sans dégrader la qualité et l’interopérabilité des réseaux, l’application d’un cadre juridique et de règles économiques pertinentes n’est pas suffisante. Il est aussi essentiel de définir des « bonnes pratiques » partagées par l’ensemble du secteur. L’efficacité de la régulation suppose en effet de savoir ajuster et articuler des grands principes de base et des règles plus concrètes d’architecture des réseaux. Loin de répondre à la tentation d’un contrôle technocratique, le souci d’entrer dans les détails opérationnels est la condition sine qua non pour assurer l’interconnexion et l’accès réciproques des opérateurs à leurs réseaux. C’est à une telle articulation que contribue la plateforme Objectif Fibre, en réunissant les parties prenantes pour définir des « bonnes pratiques » communes. La diversité des acteurs impliqués (industriels, opérateurs, utilisateurs) permet d’assurer la pertinence des solutions et propositions techniques qui y sont définies tout comme elle contribue à favoriser leur partage et leur diffusion. Face à la complexité des technologies et à la multitude des acteurs, la plupart des régulateurs, et l’Arcep n’échappe pas à la règle, s’éloigne de formes d’intervention sur le marché trop volontariste en jouant davantage sur le registre de l’arbitre. Il ne s’agit pas d’organiser un laissez-faire où les normes et cadres d’action émergeraient spontanément des interactions entre acteurs. Il s’agit plutôt de favoriser une régulation moins intrusive s’appuyant sur les espaces de débats et d’échanges entre acteurs institutionnels et économiques. Rien d’étonnant, dès lors, que l’Arcep soutienne les travaux d’Objectif Fibre en participant à ses ateliers et en contribuant à leur diffusion par la publication des guides sur son site internet. Dans le cas de la fibre, l’enjeu est d’autant plus important que cette technologie va rapidement constituer l’infrastructure de référence des services fixes à l’instar du réseau cuivre jusqu’à aujourd’hui. Les industriels proposent ainsi déjà des solutions modernisées s’appuyant sur ces nouvelles technologies dans le cas par exemple de la numérisationdelatéléphoniefixe:elles’accompagne de la migration des technologies historiques telles que le RTC vers des technologies plus modernes (voix à large bande). Cela est encore plus vrai dans les territoires qui bénéficieront du statut de « zone fibrée » car ils verront l’érection des premiers immeubles neufs sans lignes téléphoniques « en cuivre ». Il reste pourtant des derniers freins à la migration de l’ensemble des services de communications électroniques fixes du cuivre vers la fibre. Des solutions restaient notamment à inventer pour assurer le transfert des accès dits « techniques » que sont les téléalarmes, les lignes d’urgence des ascenseurs, vidéosurveillance, etc. et en tirer toutes les conséquences en matière de pré-équipement des immeubles neufs. En effet, jusqu’à présent, il n’existait pas de consensus technique sur la manière de réaliser une telle bascule. Avec ce fascicule, les professionnels de l’immobilier trouveront pour la première fois un mode d’emploi pour que le pré-équipement des immeubles en FttH réponde non seulement aux besoins de connectivité des habitants mais également à ceux du bâtiment, avec l’assurance de pouvoir réaliser des accès « techniques » sur fibre. Pierre-Jean Benghozi Professeur à l’Ecole polytechnique Membre du Collège de ARCEP

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEyNDY=